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Georges Courteline - Messieurs les Ronds-de-Cuir

Frise bouchère

« Le rire est probablement destiné à disparaître. On ne voit pas bien pourquoi, entre tant d'espèces animales éteintes, le tic de l'une d'elles persisterait. Cette grossière preuve physique du sens qu'on a d'une certaine inharmonie dans le monde devra s'effacer devant le scepticisme complet, la science absolue, la pitié générale & le respect de toutes choses.

Le rire est probablement destiné à disparaître...

Rire, c'est se laisser surprendre par une négligence des lois : on croyait donc à l'ordre universel & à une magnifique hiérarchie de causes finales ? Et quand on aura attaché toutes les anomalies à un mécanisme cosmique, les hommes ne riront plus. On ne peut rire que des individus. Les idées générales n'affectent pas la glotte.

Rire, c'est se sentir supérieur. Quand nous ferons à genoux, dans les carrefours, des confessions publiques, quand nous nous humilierons pour mieux pouvoir aimer, le grotesque sera au-dessus de nous. Et ceux qui auront apprécié l'identique valeur, en dehors de toute relativité, de leur moi & d'une cellule composante ou solitaire, sans comprendre les choses, les respecteront. La reconnaissance de l'égalité entre tous les individus de l'univers ne fera pas hausser les lèvres sur les canines.

Cette espèce de contraction des muscles zygomatiques était le propre de l'homme...

Voici comment on pourra interpréter dans ce temps un jeu aboli du visage :

"Cette espèce de contraction des muscles zygomatiques était le propre de l'homme. Elle lui servait à indiquer en même temps son peu d'intelligence pour le système du monde & sa persuasion qu'il était supérieur au reste."

La religion, la science & le scepticisme du temps futur...

La religion, la science & le scepticisme du temps futur ne contiendront qu'une faible partie de nos pénibles idées sur ces matières. Il est certain toutefois que la contraction des muscles zygomatiques n'y aura point de place. J'aimerais donc à désigner à ceux qui s'éprendront des choses d'autrefois l'œuvre qui excita dans notre époque barbare la plus grande somme de ce rire disparu. Je sais qu'on s'étonnera de la bouche convulsée, des yeux larmoyants, des épaules secouées, du ventre saccadé, ainsi que nous nous étonnons nous-mêmes pour les singuliers usages des premiers hommes : mais je supplie les personnes éclairées de réfléchir au grand intérêt que présente un document historique, de quelque ordre qu'il soit. »

(Marcel Schwob, préface, Messieurs les Ronds-de-Cuir,
édition Marpon-Flammarion, Paris, 1893, extrait.)

Messieurs les Ronds-de-Cuir - Premier tableau - 140 Ko Retour

des yeux larmoyants, des épaules secouées, du ventre saccadé...

 

Repères

1858-1870

Naissance, le 25 juin 1858, à Tours, de Georges Moinaux dit Courteline ; son père, Jules Moinaux, est le chroniqueur humoriste de La Gazette des tribunaux.
Georges Courteline passe son enfance entre Tours, Paris (Montmartre) & Iverny (près de Meaux)

1871-1879

Études secondaires à Meaux & à Paris (collège Rollin) ; échoue à la seconde partie du baccalauréat

1880

Courteline fait son service militaire dans le 13e régiment de chasseurs à Bar-le-Duc.
Contraint par son père qui ne veut pas le voir devenir écrivain, il devient employé comme expéditionnaire à la direction des Cultes... sa « riche & fructueuse » collaboration avec le ministère de l'Intérieur durera près de 14 ans...

1881-1892

Fonde la revue Paris Moderne, avec Jacques Madeleine & Georges Millet (1883) ; y édite notamment des contes de son ami Catulle Mendès.
Les Gaîtés de l'escadron (1886), Le 51Chasseurs (1887) & Le Train de 8 heures 47 (1888) sont publiés chez Marpon-Flammarion.
Boubouroche (1891) est édité en feuilleton dans l'Écho de Paris.
Messieurs les Ronds-de-Cuir (1891) est proposé en feuilleton aux lecteurs de l'Écho de Paris

1893

Sur les conseils d'André Antoine, directeur du Théâtre-Libre, Courteline s'essaye, avec succès, à la comédie & adapte Boubouroche à la scène ; cette pièce entre au répertoire de la Comédie-Française en 1910.
Une version remaniée de Messieurs les Ronds-de-Cuir est éditée chez Marpon-Flammarion

1894-1911

Courteline enchaîne les succès au théâtre avec notamment Théodore cherche des allumettes, Les Boulingrin, Le gendarme est sans pitié, L'Article 330...
Adaptation de Messieurs les Ronds-de-Cuir à la scène, la première a lieu à l'Ambigu-Comique le 4 octobre 1911

1912-1918

Nombreux voyages (Afrique du Nord & Europe - Italie, Belgique, Allemagne...).
Georges Courteline s'installe à Tours pendant la guerre

1925-1927

Georges Courteline corrige les épreuves de ses œuvres complètes (édition Bernouard) ; est élu à l'académie Goncourt

25 juin 1929

Décès, le jour de son anniversaire, de Georges Courteline

1937

Première adaptation Messieurs les Ronds-de-Cuir au cinéma grâce à Yves Mirande

1958

Henri Diamant-Berger porte à l'écran Messieurs les Ronds-de-Cuir avec : Pierre Brasseur (Directeur Nègre), Noël-Noël (La Hourmerie), Jean Poiret (Lahrier) & Michel Serrault (Conservateur du musée)...

Fiche technique

Nombre de signes

230 000

Folio

131 pages

Temps d'impression

26 minutes

Taille du fichier PDF

500 Ko

ISBN - Prix

2-84824-072-5
Gratuit


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